psychanalyse, simple tâche ?
- Jonatan Drumond Jardini
- 14 janv.
- 2 min de lecture
Souvent, on vit une vie dans laquelle les impératifs, qu'ils soient du quotidien — tâches, relations, obligations, morale — ou hérités du passé, consomment sans cesse l'existence de chacun. Non seulement le travail, la famille et les études occupent une place prédominante, mais, de manière encore plus marquée, ce que les autres exigent de nous, et ce que ceux-ci, dans un passé parfois pas si lointain, ont exigé de nous, ce qu’ils attendent ou projettent en nous, confère souvent à cette vie une nuance d’insoutenable.
Si, par exemple, l’image personnelle, l’estime de soi, la productivité au travail, les performances dans les études ou dans la recherche, les impératifs des relations amoureuses, ainsi que les malentendus et les frustrations, apportent plus de peine que ce qu'ils sont censés éviter, alors le sujet se remet en question. C’est à partir de cette remise en question des impératifs de la vie que, parfois, le sujet se retrouve en analyse.
Il suffit d’observer, ce que l'on ne fait pas souvent suffisamment, combien l'on est affectivement et sentimentalement sollicité, combien l’expérience personnelle que l'on a des relations interpersonnelles affecte, et combien ces facteurs entraînent une inhibition de ce que l'on aime réellement faire ou de ce qui plaît.
La psychanalyse, en ne proposant pas dans ses principes de transformation une simple élimination de l’inconfort, ni l’application d’un « pansement » sous forme d’un accueil maternel, cherche à mettre en lumière la structure dans laquelle l'on vit dans son ensemble, en se concentrant sur ce qui empêche l'emploi de la propre parole, de l’énonciation à la première personne – et non à la deuxième ou troisième..
Loin d’une simple méthode de réduction de l’anxiété, d’accueil ou d’orientation vocationnelle, la psychanalyse peut s’avérer une approche assez distincte des formes habituelles de psychothérapie. La souffrance est l’ennemi, bien sûr, mais parfois le silence peut être spécialement parlant. Il peut également faire parler, tout en partant de la règle fondamentale : Parlez de tout ce qui vous vient à l'esprit, sans contraintes, sans empêchements.
Parfois, il n'y a rien de plus effrayant que la liberté de tout dire, tout en ayant comme garantie que l'autre ne juge pas. Cela peut faire émerger des défenses colossales, défenses qui sont aussi un manifeste d’inconformité, un manifeste de la singularité qui habite chacun. Et il n’y aurait pas de plus grande défense que celle de se mettre en face de soi-même, et d'être responsable pour sa propre singularité.
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